Sommaire du numéro 2 de COLOMBUS |
-
s’informer
-
s’évader : La Bambouseraie Prafrance
-
rencontrer : Shiyma al-Sarrâf
-
comprendre - dossier : Les Jeunes et les conduites à risques
-
Les jeunes témoignent
-
Les jeunes et les conduites à risques, de Miloud Ismaïli.
-
Les drogues ça nuit grave, de Dr. Hamouda Alimât.
-
Le tabagisme... un interdit et un fléau dévastateur, de Cheikh Youssouf al-Qaradâwî.
-
L’accoutumance : Comment protéger nos jeunes enfants, de Dr. Walîd Sarhân
-
Pour en savoir plus
-
lire une nouvelle : Le retour au premier ange
-
prier
-
méditer le Coran : Sourate 83 : Al-Motaffifoun (Les fraudeurs), versets 22-26
-
méditer la parole du Prophète
-
découvrir : L’épanouissement de l’art islamique : l’art de la miniature
-
réfléchir : Le travail de la femme hors de chez elle
-
Les jeunes s’interrogent...Réponses pratiques
-
Cuisiner : L’huile d’olive... produit d’un arbre béni.
Quelques articles du numéro 2 de COLOMBUS |
-
Entretien avec Shiyma al-Sarrâf
- Ecrivain, spécialiste de la pensée islamique, Shiyma al-Sarrâf vit actuellement à Paris. Après des études de droit en Iraq, elle s’est installée en France où elle a soutenu son doctorat à Paris Sorbonne.
- Elle se consacre, depuis ces dernières années, à l’écriture et aux conférences.
- Elle a publié en 2000 dans les Editions Al-Qalam son célèbre ouvrage écrit en arabe : Ahkâm al-mar’a bayna al-ijtihâd wa at-taqlîd. Une traduction en langue française paraîtra bientôt sous le titre : Les dispositions de la femme musulmane entre rénovation et tradition.
Colombus : Le statut de la femme connaît aujourd’hui un certain nombre de changements liés à sa scolarisation et à sa participation à la vie professionnelle et socio-politique. Les approches et les avis du juriste musulman contemporain, ont-ils accompagnés ces changements ?
Shiyma al-Sarrâf : Permettez-moi de faire une première remarque très importante : on ne peut utiliser des termes de faqîh (juriste) ou de fatwâ (avis juridique) dans ce contexte. Il s’agit tout au plus de discours qui sont produits au nom de l’Islam, et ce pour les raisons suivantes : Tout d’abord parce que la fonction du juriste (faqîh) est bien déterminée : il doit considérer les différents aspects de la société dans laquelle il vit, tant du point économique, sociologique et politique, avant de pouvoir être en mesure de donner un avis juridique. En revanche, ceux qui parlent au nom de l’Islam aujourd’hui, plongent dans les livres des juristes anciens et y puisent des avis pour tel ou tel problème contemporain. Et très souvent, ils commencent par le nom ou les références de ce juriste ancien en guise de caution et de crédibilité à leurs propres discours. Même dans les cas rarissimes où ils sont amenés à donner leur propre avis, ils restent toujours dans le sillage du discours des anciens. Ibn al-Quayyim al-Jawziyya a qualifié ce type de juristes, d’ignorants. Il les a comparés à un médecin ignorant qui prescrit à son malade un traitement, non pas à partir de l’auscultation du corps du patient, mais plutôt à partir de la consultation des livres de médecine. Un pareil traitement serait à coup sûr plus nuisible que bénéfique. Une telle attitude s’explique par des facteurs pluridimensionnels et complexes, comme le peu de connaissances et le manque de savoir confirmé, notamment en ce qui concerne les dispositions de la charia –le Coran et la Sunna- et de ses finalités, comme la recherche de la facilité et du moindre effort, le manque de confiance en soi, ou la vision étriquée et individualiste des choses. Autant de facteurs qui débouchent finalement sur une sclérose et une rupture de l’action et du changement.
Colombus : Beaucoup de partisans de la religiosité discutent encore du droit de la femme à assumer son rôle civilisationnel à tous les niveaux (familial, social et politique.) Selon eux, elle n’aurait aucun rôle à jouer dans la vie culturelle et politique et n’a pas de contribution à apporter aux méthodes éducatives et aux règles sociales. Ils vont même jusqu’à considérer son nom comme sujet d’opprobre social, et le dévoilement de son visage comme un interdit religieux, tant elle est considérée comme une intimité qu’il convient de cacher. Ils ne lui reconnaissent comme fonctions que les tâches ménagères et la reproduction. Or, y a-t-il des fondements coraniques à ces conceptions dévalorisantes de la femme ? Et existe-t-il dans la biographie du Prophète Mouhammad (sur lui la paix !) ou des Compagnons des éléments qui justifient cette conjecture ?
Shiyma al-Sarrâf : Je propose de laisser ces gens-là errer dans leurs méandres polémiques et maladifs et d’aller voir ensemble ce qui se passait dans la vie des gens et des sociétés, à une époque où il n’y avait que l’Islam comme loi et comme référence dans l’administration de leur vie. L’histoire est riche de beaucoup d’hommes célèbres dont les noms ont été affiliés et associés à ceux de leurs mères, car ces dernières avaient brillé par leur savoir exceptionnel, leur sagesse, leur profession ou leur contribution singulière dans la vie politique et sociale. Parmi ces hommes-là, nous citons al-Zaynabiyyoun ; ce sont les petits-fils de Zaynab bint Solaymân, la princesse ‘abbâsside qui décéda en l’an 204 de l’Hégire, soit en 820 de l’ère chrétienne. Ils s’étaient illustrés dans l’histoire. On comptait parmi eux des exégètes (commentateurs du Coran), des juges, des lettrés, des poètes. Ils étaient aussi réputés par leurs écrits sophistiqués. Leur grand-père (le mari de Zaynab) n’est autre que le fameux Ibrâhîm al-Imâm, le chef de file du mouvement ‘abbâsside. C’est un grand lettré connu pour l’éloquence de son style et ses formules ciselées. Il jouissait aussi de qualités rationnelles et logiques hors du commun. Il n’avait pour rival que sa propre femme Zaynab, qui ne manquait pas de génie, ni de sagesse. Elle s’illustra plus d’une fois par ses avis clairvoyants et judicieux. En outre, elle avait un caractère et une finesse remarquable qui la firent apprécier par les gouverneurs ne manquant pas de solliciter son avis dans l’administration de leur Etat. Tout cela lui a valu la prééminence de sa notoriété sur celle de son mari et l’affiliation de ses petits-fils directement à elle plutôt qu’à leur père. Par ailleurs, ‘Abd al-‘Azîz ibn Marwân, gouverneur d’Egypte (mort en l’an 85 de l’Hégire / 704 de l’ère chrétienne), s’appelait Ibn Layla, en référence à sa mère qu’il aimait et admirait beaucoup. Les poètes la citaient très souvent dans leurs poésies, car il avait décidé qu’aucun poète ne serait généreusement gratifié, tant qu’il ne déclamerait pas l’éloge de sa mère pour vanter ses mérites, son courage, son intelligence et sa noblesse.
-
De même, les livres d’histoire et de littérature rapportent les récits de ‘Aïcha bint Talha, dont le père est l’un des dix compagnons auxquels le Prophète Mouhammad (sur lui la paix !) a prédit le Paradis. Sa tante était ‘Aïcha, femme du Prophète (sur lui la paix !) et mère des croyants. Elle vécu durant le premier siècle après le Prophète et était rapporteuse de Sunna. Parmi les autres facteurs de sa réputation, il y avait aussi sa beauté sublime et fascinante qui fut déclamée plus d’une fois par les poètes de l’époque. Les gens lui demandaient son autorisation et la sollicitaient juste pour admirer sa beauté envoûtante.
On peut également citer Sokayna bint al-Hossayn, le petit-fils du Prophète, qui était connue pour sa noblesse, sa générosité, ses poésies et ses contributions à la critique littéraire. Elle présidait à un salon qui réunissait différents poètes venus là pour étaler leurs créations artistiques. Elle s’était illustrée par la beauté de ses cheveux et également par la nouvelle coiffure qu’elle avait inventé et qui était désormais associée à son nom : " La coiffure de Sokayna ". Cette coiffure connut d’ailleurs un franc succès auprès du public, au point que même les hommes s’éprirent d’elle et l’adoptèrent. Ce qui amena le calife oummayyade de l’époque, ‘Omar ibn ‘Abd al-‘Azîz, à punir toute personne qui portait cette coiffure en lui rasant totalement la tête.
Colombus : Certains musulmans ne reconnaissent pas à la femme le droit de participer à des activités sociales et politiques, en invoquant des interprétations et des avis juridiques de savants anciens au sujet de versets coraniques tel que: " Demeurez dans vos maisons " ou de hadîth prophétiques du type : " Un peuple qui met à sa tête une femme ne connaîtra jamais le succès. " (Hadith recensé par al-Bokhârâ, al-Nisâ’î, al-Tirmidhî…). Qu’en pensez-vous ?
Shiyma al-Sarrâf : Il est connu que ce verset a été révélé au sujet des femmes du Prophète Mohammad (sur lui la paix !), et il commence bien par l’appellatif : " Ô femmes du Prophète ! Vous n’êtes comparables à aucune autre femme… " (Coran, 33/32). En effet, elles ne l’étaient pas. À l’époque, les ennemis du Prophète (sur lui la paix !) avaient les yeux rivés sur lui et sur sa famille. Il était le leader de la communauté musulmane, en plus de son statut de Prophète. Et à ce titre, ils guettaient toute dérive ou déviation dans son attitude et dans le comportement des siens, afin de le dénigrer et de le discréditer au regard des gens. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y eut cette mise en garde coranique. Par la suite, les juristes et les savants ont généralisé cette mesure à toutes les femmes. Cela s’explique par des raisons contextuelles que nous résumerons ainsi : les différentes conquêtes islamiques ont amené les Arabes à s’installer dans des sociétés nouvelles, et à côtoyer des races et des religions étrangères et différentes. Par conséquent, le risque que la fréquentation des femmes n’aboutisse à certains interdits (tel que le mariage avec les autochtones qui n’était pas admis socialement à l’époque), ainsi que la participation de la femme à certaines coalitions politiques et à certaines guerres effectives entre musulmans, ont obligé les juristes de l’époque à limiter le champ d’action de la femme, voire à brider ses manifestations sociales, afin d’apaiser et de rassurer la société. Il faut noter que le facteur matériel était alors très favorable à une telle ligne de conduite. La femme recevait une dot substantielle et des sommes considérables lors de son mariage, ce qui lui faisait un capital précieux, en plus de son droit à l’héritage, et ce, quel que soit son statut. Il y avait aussi la caisse de l’Etat qui prévoyait une part pour les femmes et qui ne laissait aucune d’elles sans ressources.
Quant au hadîth, le Prophète (sur lui la paix !), l’avait prononcé dans une circonstance très particulière : lorsque la délégation islamique fut mal accueillie par le gouverneur perse de l’époque. On ne saurait donc en faire une loi et la généraliser en tant que telle. Par ailleurs, il faudrait rappeler que la tradition du Prophète sert à expliquer, à clarifier et à compléter les enseignements coraniques, mais nullement à les contredire. Dès lors qu’il y a opposition entre le texte coranique et le texte prophétique, ce dernier est annulé de fait. Si l’on examine de plus près ce hadîth, on constate qu’il utilise le terme : " wallâhou " signifiant littéralement " charger quelqu’un de quelque chose ". Ce terme est dérivé de " wilâya ", qui dénote le fait d’endosser une responsabilité et d’assumer une capacité à ordonner et à interdire. Or, c’est exactement cette même acception qui est véhiculée par le verset coranique qui institua cette fameuse " wilâya " comme un droit, à la fois aux hommes et aux femmes, pour qu’ils s’entraident mutuellement à édifier la société telle que Dieu l’a ordonné : " Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable… " (Coran, 9/71).
Colombus : Il y a un autre phénomène très grave au sujet de la femme. Malgré la richesse de notre patrimoine en versets coraniques et en discours prophétiques authentiques au sujet du statut de la femme, nous déplorons que les idées sécrétées par les textes apocryphes aient fini par générer des visions sociales amenant aujourd’hui certaines femmes à admettre qu’elles sont effectivement " un sexe faible ", et des " êtres de seconde classe ", qui n’ont aucun rôle à jouer dans les affaires politiques et les prises de décision. Quels conseils proposerez- vous à ces femmes-là ?
Shiyma al-Sarrâf : Si la femme croit qu’elle incarne, par ce type d’attitude ou de comportement, un attachement à la religion et à une application de ses préceptes, elle sera déçue. Il s’agit là, malheureusement, d’un fait déplorable et regrettable. C’est vraiment dommage et fâcheux qu’elle pense ainsi, car son comportement est en totale contradiction avec l’Islam. Celui-ci n’est apparu que pour affranchir l’être humain, et non pas pour le réenfoncer dans l’assujettissement.
La conduite de ces femmes qui stipulent leur isolement volontaire et la renonciation à toute participation au service de la cité et de la collectivité n’est qu’un affaiblissement de la société et un facteur de sa décadence. À ces femmes-là, je propose un seul conseil : qu’elles méditent dans l’histoire islamique, les apports et les prouesses de femmes telles que ‘Aïcha, la mère des croyants, Omm Habîba, fille de Abou Sofyân, Asmâ’ fille de ‘Omays et ‘Atika, fille de Zayd…
Nombreuses sont les femmes de la postérité qui ont étudié le Coran et la Sunna et qui se sont inspirées de la biographie de ces femmes célèbres, en les hissant au rang de modèle de courage et de constance pour la sauvegarde de leur foi et de leurs droits ! Les livres d’histoire et de littérature foisonnent d’exemples de ces figures emblématiques de femmes qui ont marqué l’histoire.
Colombus : Arrêtons-nous un peu au sujet du mariage. Vous avez notamment dit dans votre précieux ouvrage : "Les dispositions de la femme musulmane entre rénovation et tradition" que le mariage de la femme dépend de son choix à elle et de sa propre volonté. Vous avez aussi souligné que l’Islam approuve que la femme fasse le premier pas et demande l’homme en mariage, et que sa décision d’accepter ou de refuser le mariage est déterminante en dernière instance. Pourriez-vous clarifier cela ?
Shiyma al-Sarrâf : L’Islam approuve plus d’une forme de demande en mariage :
- Celle où c’est la femme qui demande l’homme, comme cela a été le cas pour l’union de Khadîja et du Prophète Mohammad (sur lui la paix !), ou encore pour la femme qui s’était proposée au Prophète. Dieu dit dans la sourate " Les Coalisées" : " …ainsi que toute femme croyante si elle fait don de sa personne au Prophète, pourvu que le Prophète consente à se marier avec elle. " (Coran, 33/50).
- Il y a aussi celle où c’est l’homme qui demande la main de la jeune fille, soit directement à elle, soit à ses parents ou à son tuteur (oncle, grand-père…)
Dans tous les cas, la décision finale appartient à la femme qui reste libre d’accepter ou de refuser. Il s’agit là, d’un aspect de l’émancipation de la femme et une illustration du respect de ses volontés en ce qui concerne la décision du mariage.
Quant à l’acte de mariage proprement dit, la femme y est une partie incontournable, à part entière. À l’instar des autres contrats (vente, achat, don…), elle est en mesure de le contracter elle-même et de son propre chef, dès lors qu’elle a atteint l’âge de la puberté et qu’elle est saine d’esprit. Il est important de souligner à ce niveau, que le pouvoir absolu du tuteur (père, oncle, grand-père) de contraindre la jeune fille pubère et saine d’esprit à se marier est désormais aboli et révolu. Une telle pratique constitue une atteinte à son droit légitime de gérer sa propre vie dans le domaine des plus délicats, à savoir son mariage avec un homme qu’elle aime personnellement. À ce propos, la tradition du Prophète abonde en exemples et preuves irréfutables de cet état de choses.
Colombus : Si le mariage obéit désormais effectivement à ce type de modalités, peut-on comprendre par cela un recul et un rétrécissement de l’autorité du tuteur à marier sa protégée ?
Shiyma al-Sarrâf : Assurément oui, mais seulement dans un certain sens. L’ère du despotisme du tuteur à imposer des maris non désirés par la femme est bel et bien révolue. Cependant, la charia lui a maintenu un rôle non moins important et bénéfique, pour la femme en premier chef, ainsi que pour la famille et par conséquent pour le reste de la société. C’est un rôle qui ressort de la facilitation et de la simplification des choses de la vie. Ces deux aspects demeurent deux principes clés de la religion musulmane. Dans la réalité, la femme peut être timide ou peut se retrouver dans un contexte social tel, qu’il serait quasiment impossible à l’homme de lui demander sa main, directement à elle. De même, l’homme peut à son tour être pudique ou éprouver une certaine gêne à s’adresser à la femme, et là, le truchement initial du tuteur s’avère salutaire pour la mise en train de ce mariage. Le rôle du tuteur se résume alors à celui d’un médiateur et d’un messager loyal qui assiste la femme de ses conseils et la préserve de toute source de tracas. Et selon les circonstances sus-mentionnées, elle pourra le déléguer, lui ou quelqu’un d’autre, pour finaliser son contrat de mariage. Cette autorité morale qui est conférée au tuteur à l’issue de sa médiation dans le mariage de la femme, ne peut que déboucher sur une consolidation des liens familiaux. Ceci, dans l’intérêt de la famille et donc de celui de l’ensemble de la société.
Colombus : Est-ce que la femme a le droit de fixer des conditions dans l’acte de mariage ?
Shiyma al-Sarrâf : Bien sûr que oui ! Comme dans tout autre contrat d’ailleurs. Telle elle est la règle. Cependant, en raison de la particularité du contrat de mariage, le Prophète Mohammad (sur lui la paix !) a expressément souligné l’obligation de satisfaire et d’honorer les conditions de la femme. Le statut du mariage dans la terminologie de la jurisprudence relève du " préférable " et non pas du " devoir " ou de " l’obligatoire."
Ainsi, l’individu se marie pour avoir plus de paix et de quiétude, et pour procréer. Le mariage n’étant qu’une entreprise en quête de bonheur, toutes les conditions et les ingrédients qui y concourent doivent être préalablement fixés. En vertu de cela, la femme elle-même a le droit d’exiger, par exemple, que son époux ne se remarie pas une seconde fois, ou qu’il ne quitte pas la ville où elle vit, voire le foyer où elle habite. L’homme qui accepte ces exigences n’aura qu’à les observer par la suite. Dans le cas contraire, la femme a le droit de dénoncer et de résilier le contrat de mariage. Il convient de souligner à ce niveau que l’Imam Ahmad ibn Hanbal est le seul savant à avoir élaboré des règles exhaustives à ce sujet, notamment les conditions que l’on vient d’énumérer ci-dessus. Malheureusement, le législateur contemporain qui vante l’émancipation de la femme et le respect de sa dignité n’a jamais adopté les recommandations de l’Imam Ahmad ibn Hanbal de manière claire et franche.
Colombus : Vous avez consacré dans votre livre, un chapitre entier aux droits de la femme en matière de rapports sexuels. Vous aviez souligné que la sexualité constitue une des préoccupations de la femme musulmane et que son droit au plaisir charnel est une évidence. Est-ce que la tradition prophétique a suffisamment insisté pour garantir ce plaisir charnel à la femme ?
Shiyma al-Sarrâf : La question de la sexualité s’inscrit dans le cadre d’un certain nombre de choses que l’Islam vise à accomplir selon une vision réaliste de la vie, qui reconnaît à l’homme ses pulsions instinctives sous toutes ses formes. Reconnaître le droit de la femme à la jouissance charnelle c’est, en définitive, respecter son humanité et la traiter sur un pied d’égalité avec l’homme. Il s’agit là, d’un facteur d’une importance capitale, et dont le respect garantit une concorde et une harmonie conjugales durables. En outre, cela se répercute de manière positive sur l’ambiance familiale et sur les enfants en particulier. À ce stade, je tiens à dire un mot à ceux qui ont une vision étriquée et obstinée des choses : il n’y a pas de tabou en Islam. Il y a le licite et l’illicite. Il se peut que les choses illicites ne soient pas assez détaillées. Dans certains cas, le motif de la prohibition peut être exprimé en quelques lignes, voire en une phrase lapidaire, comme c’est le cas pour la consommation d’alcool, où l’on dira par exemple, qu’elle est interdite parce qu’elle dépossède le buveur de sa volonté et de sa conscience. En revanche, quand il s’agit d’une chose licite, une étude approfondie est entreprise sur ses différents aspects et ses détails. Des règles bien précises et claires sont posées à son sujet, notamment lorsque les droits de deux personnes ou plus sont en jeu, afin qu’aucune ne soit lésée ou opprimée. Il en va de même pour la question des rapports intimes. Elle a été amplement expliquée et des règles ont été clairement instituées dans la charia (le Coran et la Sunna). Elle a été aussi clairement reprise et vulgarisée par les juristes dans les différentes écoles jurisprudentielles. Même les savants, les lettrés et les poètes l’ont suffisamment abordée pour qu’aucune ambiguïté n’y demeure. Il faut enfin noter que la Sunna a particulièrement insisté sur les droits de la femme en expliquant et en clarifiant ce que le Coran lui a accordé dans la relation conjugale. Car, en effet, la nature même de cette liaison, pourrait aisément laisser des préjudices au détriment de la femme.
Colombus : L’Islam considère-t-il l’amour comme un élément pivot du bonheur conjugal et comme la base charnière de la réussite de la vie conjugale ?
Shiyma al-Sarrâf : Il n’y a aucun doute là-dessus. Le Prophète (sur lui la paix !) a dit : " Il n’y a pas d’autres issues aux amoureux que le mariage. " Pour bien expliciter ce hadîth du Prophète (sur lui la paix !), supposons un homme et une femme qui s’aiment passionnément. Peut-être qu’ils ont succombé à un coup de foudre ou que leur amour s’est développé progressivement depuis un simple contact, puis par un échange de tendresse et d’affection, jusqu’à s’enraciner en une passion imparable, au point qu’ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. L’existence d’une passion ne se démontre pas et ses modalités ne se discutent pas. C’est une évidence, reconnue en tant que telle, dans le cadre d’une relation imprégnée de respect et de décence. Le hadîth du Prophète (sur lui la paix !) n’aborde ce sentiment que sous un seul angle : la nécessité de trouver un moyen qui apporte la joie aux cœurs de deux êtres ne demandant qu’à rester ensemble pour l’éternité. La solution ne peut être que le mariage.
Ce hadîth du Prophète (sur lui la paix !) s’adresse prioritairement au tuteur et à tous ceux qui détiennent une autorité en la matière, pour qu’ils ne se dressent pas en pierre d’achoppement au mariage. Il vient par ailleurs confirmer le droit au mariage de l’homme et de la femme qui s’aiment mutuellement. Car un tel mariage avant l’Islam, était très souvent enrayé et refusé. Comme c’était le cas pour certaines familles, embarrassées d’apprendre qu’untel était épris de leur fille et que leur passion était désormais connue de tous ! Bien que les hadîth traitant du mariage soient très nombreux, nous nous sommes contentés d’en citer un seul.
Voici encore deux exemples :
En parlant de droit de la femme, à choisir elle-même son futur mari, l’Imam al-Sarakhsî qui est d’obédience hanafite, souligne l’importance de l’amour dans le mariage en disant : " Si la femme est contrainte de se marier avec un homme, elle ne sera jamais affable avec lui, car son cœur pourrait rester attaché à quelqu’un d’autre. " Ensuite il se livre à une interrogation rhétorique des plus significatives : " Et quel mal peut rendre encore plus malade que l’amour ?!! "
Par ailleurs, le célèbre savant Ibn Hazm définit l’amour comme suit : " L’amour est une fantaisie au début et un sérieux à la fin. Ses significations sont si sibyllines du fait de leur splendeur, qu’elles ne peuvent être décrites ; elles ne peuvent être véritablement perçues que par celui qui les endure. Il (l’amour) n’est pas réprouvé par les religions, ni interdit par la loi, car les cœurs sont entre les mains du Seigneur, qu’Il soit exalté dans sa grandeur et sa majesté… "
Colombus : Venons-en maintenant au travail de la femme. Vous dites qu’il n’y a absolument aucune trace dans la tradition orale et comportementale du Prophète (sur lui la paix) qui interdirait à la femme de travailler. Pourriez-vous nous donner des exemples sur cela ?
Shiyma al-Sarrâf : Autrefois, la femme travaillait et s’occupait de diverses tâches adaptées aux circonstances spatio-temporelles de l’époque, au même titre que l’homme. Il y avait ainsi des commerçantes qui traitaient avec " l’intérieur " ou avec " l’extérieur ". Nous dirons en des termes plus contemporains, qu’il y avait des commerçantes qui travaillaient dans l’import/export avec les états limitrophes de l’Arabie, en vendant et en achetant diverses marchandises et matières. L’histoire a immortalisé d’ailleurs le récit de cette commerçante qui est venue s’enquérir auprès du Prophète (sur lui la paix !) sur les règles du commerce et sur les voies licites de réaliser des bénéfices conséquents, sans pour autant recourir à des procédés douteux que Dieu réprouve. On rapporte également que la femme produisait de ses propres mains ce qu’elle vendait : elle faisait du tissage, tannait les peaux et préparait des produits laitiers. Il y avait également des métiers exclusivement exercés par les femmes telle que la coiffure. Elles entretenaient aussi bien la chevelure des femmes que des hommes. Avec la sédentarisation des musulmans dans les diverses contrées nouvellement conquises, la femme y découvrit de nouveaux secteurs d’activité selon les données géopolitiques et socio-économiques de chaque pays. Et c’est ainsi que la femme continua comme par le passé, à exprimer avec passion ses sentiments dans des œuvres lyriques et poétiques, sans qu’elle en fasse une source de survie et un gagne-pain, contrairement aux hommes qui gagnaient leur vie grâce à leurs productions poétiques.
Il convient de souligner que la femme a réussi à occuper sous le règne des " Califes éclairés " (al-Râchidoun) un des plus hauts postes de responsabilité de l’époque dans l’administration de l’Etat, à savoir le poste de Mouhtassib que l’on peut gloser de nos jours par "Contrôleur du marché". C’est Omar ibn al-Khattâb, qui nomma la femme Compagnon Achifâ’, comme contrôleur du marché de Médine. Elle avait un siège où elle exerçait ses fonctions, et où se rendait Omar chaque fois qu’il allait au marché. Achifâ’ avait une situation sociale respectable tant avant l’Islam, qu’après l’Islam. Elle était d’une sagesse et d’un équilibre exemplaires, ce qui lui a valu d’ailleurs d’être choisie par le Prophète (sur lui la paix !) comme préceptrice chargée d’enseigner la lecture et l’écriture à son épouse Hafsa, la mère de croyants (qu’Allah soit satisfait d’elle).
Colombus : Si telle était la situation au temps du Prophète(sur lui la paix !), comment expliquez-vous alors la réduction du rôle social et politique de la femme après le règne florissant du Prophète. Et comment expliquez-vous les positions des nombreux juristes musulmans qui ont posé des règles limitant le droit de la femme au travail, ou le lui interdisant quasiment, en l’écartant des sphères de décision et d’influence socio-politique. En un mot, ils l’ont dépossédée de tout ce qui est censé lui permettre d’assumer son rôle, en tant que membre à part entière de la société. Autrement dit, il doit sans doute exister des facteurs historiques susceptibles d’expliquer les conceptions négatives et erronées qui circulent au sujet de la femme dans certains milieux islamiques rigoristes ?
Shiyma al-Sarrâf : Je répondrai à cette question en plusieurs points. Tout d’abord, le rôle de la femme n’a jamais connu de rétrécissement, dans quelque domaine que ce soit, après l’ère du Prophète (sur lui la paix !), bien au contraire. L’ensemble des activités permettant à la femme de gagner décemment sa vie se sont poursuivies. On a même assisté à l’apparition de nouveaux secteurs d’activité qui se sont imposés par rapport aux conditions spatio-temporelles. La femme continua ainsi à travailler dans le commerce sans aucune restriction, dans la médecine, dans les activités artisanales ou manuelles, dans l’agriculture, etc.…
Mais en plus de cela, elle s’exerça à l’écriture, qui était alors un nouveau métier, y compris pour les hommes. C’était un art raffiné dans lequel la femme est distinguée et a excellé, au point de servir de " secrétaire " aux Califes et princes dans leurs échanges épistolaires et leurs missives politiques.
Très sollicitée par les souverains pour son talent d’écriture, la femme était généreusement rétribuée pour ses contributions dans ce domaine. On a assisté à l’apparition de femmes juristes, de femmes savantes et de rapporteuses de la tradition prophétique. Dans toutes ces activités, la femme était chaleureusement et respectueusement accueillie par ses pairs masculins. Et c’est ainsi, que des générations entières d’étudiants, de futurs savants, furent formées par ces femmes célèbres qui étaient des sommités dans diverses disciplines, et vers lesquelles convergeaient les étudiants venus de contrées lointaines.
La lutte pour le pouvoir qui éclata durant le 1er siècle de l’Hégire, ainsi que les différentes tendances idéologiques politiques rivales qui s’entretuaient, ont fini par dérouter les sociétés islamiques dans la mesure où elles ont semé le trouble dans la foi et dans la vie quotidienne. Dans ce contexte, les juristes se devaient de rassurer les gens et d’apaiser les tensions en posant des règles qui permettraient de recouvrer une cohésion sociale ou, à la limite, qui assureraient le retour à un niveau minimal de stabilité et de cohésion, notamment dans le domaine politique. C’est ainsi qu’ils ont pris plusieurs mesures. Parmi elles nous pouvons citer par exemple celle de subordonner la sortie de l’épouse du foyer conjugal à l’accord du mari (le cas des femmes mariées était alors le plus fréquent), que le but en soit le travail ou toute autre activité. Cela s’expliquait par le fait que la femme aurait contribué activement au déclenchement de ces conflits politiques, car elle épousait les options idéologiques qui lui plaisaient et les défendait par le dialogue, ou même par les armes. L’histoire des Khârijites nous rapporte d’ailleurs les prouesses d’une femme combattante qui avait un courage et un talent guerrier de première classe.
Pour toutes ces raisons, il fallait au moins isoler la femme et l’éloigner des sphères décisionnelles. Mais ce fut une tentative qui ne réussit que partiellement. Comme la loi islamique (Coran et sunna) est dépourvue de tout élément qui interdise à la femme de travailler, dans quelque secteur que ce soit, celle-ci continua alors à s’occuper des affaires politiques et à exercer des activités sociales diverses. Un décalage flagrant avait ainsi toujours existé entre ce que décidait le juriste et ce qui se passait réellement sur le terrain, et ce, tout au long des quatorze siècles qui nous précédent.
Les juristes du passé ont consacré tous leurs efforts dans l’intérêt de la société, de la famille et de l’individu. Ils n’ont en aucun cas lésé la femme, car ils étaient à la fois pieux et philanthropes. Ils ont toujours cherché, dans leurs avis juridiques (fatwa), à sauvegarder ses droits et ses intérêts parfois au détriment de l’homme.
Colombus : Vous avez abordé plusieurs questions importantes au sujet de la femme dans votre livre. Il est d’ailleurs considéré comme l’une des rares études bien fouillées qui ont réagi pour expliquer ces questions-là. Ne pensez-vous pas que la proposition d’une nouvelle approche des conditions de la femme musulmane et tout ce qui s’y rapporte comme lois, ne requiert une nouvelle lecture des sources de la légifération islamique et une nouvelle actualisation du patrimoine islamique, afin de mesurer le degré de compatibilité de cette législation et de ce patrimoine avec le Saint Coran et la biographie du Prophète (sur lui la paix !) ?
Shiyma al-Sarrâf : Oui, le retour au Saint Coran et à la Sunna, les deux seules références dont la validité est absolue, quels que soient le lieu et l’époque, reste indispensable. En revanche, les règles posées par les différents juristes sont tributaires des conditions de l’époque où elles ont été élaborées. Elles ne sauraient prétendre à une quelconque pérennité que dans la mesure où elles continuent à répondre aux besoins de la société au fil du temps. Il nous appartient donc de nous pencher sur la parole divine et sur la Sunna prophétique, de les étudier et de les comprendre en profondeur, puis de nous livrer à un effort d’interprétation, fondé sur ces deux références clés pour en déduire de nouvelles règles, compatibles à tout point de vue avec les conditions de notre époque. Ce que je dis là, n’est que la répétition du discours de l’Imam Ibn al-Qayyim al-Jawziyya (691/751H-1292/1350 JC) qu’il tenait déjà à son époque avec vigueur. Et il n’était pas le seul à soutenir ces positions : rejet de l’imitation servile, dénonciation du suivi aveugle des avis juridiques des anciens, sauf ceux qui peuvent encore servir, œuvrer pour élaborer des avis juridiques et des solutions qui répondent aux besoins spécifiques de l’époque.
Le jour où le Prophète (sur lui la paix !) dépêcha un de ses Compagnons comme gouverneur et juge à un Etat voisin, il l’interrogea : " Selon quoi vas- tu juger "? Il répondit : " Selon le Coran. " Le Prophète lui dit alors : " Et si tu n’y trouves pas (la solution au différend que tu veux arbitrer) ? " Il répondit : " Je chercherai dans la Sunna du Prophète. " Le Prophète reprit encore : " Et si tu n’y trouves pas la solution ? " Il répondit : " Je puiserai alors dans ma propre interprétation des choses. " À cette réponse là, le visage du Prophète (sur lui la paix !) resplendit et il se réjouit que ses Compagnons ne restent pas figés devant l’absence d’une réponse directe à leurs problèmes dans le Coran ou dans la Sunna, et qu’ils fassent usage de leur réflexion et de leur interprétation personnelle pour trouver des solutions. Le recours à l’opinion et à l’interprétation personnelle demeure donc recommandé à condition qu’il soit soumis aux critères et aux grandes finalités de l’Islam, telles que la lutte contre l’oppression et l’injustice, l’instauration de l’égalité entre les gens, la facilitation et la simplification des choses de la vie, etc.…
Propos recueillis par Habib AFFES
-
-
Les jeunes et les conduites à risques
-
Par Miloud Ismaïli
-
En France, mais aussi en Europe, les mêmes signes inquiétants apparaissent partout. Les parents, les personnels enseignants, les surveillants des lycées et collèges, les juges et les éducateurs, observent tous les jours les méfaits de la misère sociale, affective et spirituelle, les dégâts parfois irrémédiables produits par la pauvreté, sa concentration dans les quartiers ghettos et l’absence de tout processus d’intégration.
-
Les jeunes, et parmi eux les plus vulnérables, sont les premières victimes. Trop de jeunes vivent en dessous du seuil de pauvreté, mangent mal, ne se soignent pas, connaissent le chômage et les emplois précaires, en arrivent au suicide, consomment abusivement de l’alcool et des drogues. La marginalisation sociale et scolaire leur fait ressentir un sentiment d’inutilité qui les pousse à toutes les conduites à risques.
-
La santé d’un pays se mesure à la santé de sa jeunesse. La Fondation de France estime que parmi les 8 200 000 jeunes qui ont aujourd’hui entre 15 et 25 ans, 25% présentent des conduites considérées comme dangereuses pour leur santé. Ainsi, 19% ont des comportements violents réguliers, 17% prennent des médicaments contre la nervosité et l’insomnie, 14% consomment régulièrement du tabac, 12% consomment régulièrement de l’alcool et 9% ont souvent des idées suicidaires (soit environ 40 000 tentatives chaque année). D’autre part, 15% ont subi des violences physiques et 4% des violences sexuelles (Le Parisien 26- 09 -98).
-
Les parents, l’école et le corps médical sont confrontés au silence des adolescents qui fuient leur malaise et leurs problèmes en se réfugiant dans la consommation d’alcool et de drogue. La société et le monde politique ne savent plus comment agir face à cette masse d’adolescents qui fuient dans les " paradis artificiels ". Sans doute, notre monde les inquiète : il va trop vite et l’incertitude du lendemain s’est installée jusqu’à faire perdre le moindre repère. Un jeune qui boit et qui fume son " joint " en appréciant chaque bouffée avec un sourire " d’ange ", est un jeune qui souffre. Sa consommation est l’expression d’un manque, d’un vide qu’il cherche à combler. C’est un jeune qui a peur car la société est faite de violence, une violence qui tue. Les jeunes qui meurent dans notre société sont pour la plupart des tués. Par millions, ils sont tués par une technique implacable : celle des accidents de la route, d’un désespoir ou de la solitude qui mènent au suicide. Les jeunes souffrent de situations comme le racisme, l’injustice, et de maux (angoisse, tristesse, dépression…) qui influencent leur vie quotidienne, mais nous laissent insensibles.
-
Ce qui est le plus inquiétant, ce sont les jeunes qui sont en grand danger, soit parce qu’ils ont des parents incapables, soit parce qu’ils connaissent une grande difficulté psychologique. Autrefois, ils s’en sortaient, car ils étaient soutenus par leur groupe social, mais aujourd’hui, le monde est relativement dur. On parle d’eux comme d’une " génération sacrifiée ". L’usage d’alcool et de cannabis se banalise auprès du jeune public qui en consomme donc de plus en plus tôt et risque fort de garder ses habitudes une fois adulte. La prise de ces substances est en constante augmentation. Le malaise social et l’angoisse du lendemain expliquent en partie la recrudescence de l’alcoolisme chez les jeunes. À la traditionnelle bière, ils préfèrent les boissons plus fortes. En France, la consommation de whisky et de vodka a augmenté de 47% entre 1994 et 1995. Des études montrent que des enfants de 12-13 ans s’enivrent déjà. Le cannabis et l’alcool sont de dangereux euphorisants qui apaisent certaines angoisses existentielles. La " fièvre " du samedi soir donne lieu à de grandes beuveries. C’est l’heure du " goûter des grands ", avec son lot de déprimés et de tués: 2000 jeunes se tuent chaque année sur les routes françaises. Pourquoi l’opinion publique, d’ordinaire si prompte à s’enflammer, s’inquiète-t-elle si peu quand, semaines après semaines, des dizaines de milliers d’enfants et d’adolescents meurent à cause de l’alcool, (plus de 57 000 par an en Europe) ? Des conduites à risques qui se généralisent et prennent des dimensions inquiétantes. Les consommateurs toujours plus jeunes effraient le monde des adultes qui peinent à les écouter et à les comprendre. L’adulte se défile, il fuit le conflit et la rencontre, alors que l’adolescent, on le sait, à besoin d’une certaine sérénité pour se développer et d’un certain réalisme de la part des adultes qui l’entourent. Il faudrait qu’on parvienne à être à la fois plus réaliste et plus modéré. L’adolescence est pour beaucoup une période de grande misère. C’est l’âge des remaniements de la personnalité et des expérimentations. De nombreux jeunes à cette période sont fragilisés, et par conséquent, facilement exposés à des idées suicidaires, à la violence et aux conduites à risques (alcool, tabac, drogue..).
Appeler à une consommation modérée et à la dépénalisation du cannabis, c’est participer à la destruction physique et spirituelle de la jeunesse. Il faudra, tôt ou tard, sans détour, avec fermeté et sagesse, tenir aux jeunes un discours fort : dire qu’il ne faut pas boire, s’habituer à faire la fête sans ce compagnon satanique qu’est l’alcool. Dire que fumer le plus petit joint est dangereux. Bernadette Laurent, médecin du travail et alcoologue, est catégorique : " La consommation modérée est un leurre. L’alcool est une drogue dure, un verre suffit pour tomber dans la maladie. " (Libération 08-05-01). En France, cinq millions de personnes sont dépendantes. Quant au tabac, le constat est tout aussi alarmant, avec un phénomène nouveau : les filles fument de plus en plus. En 1999, à 18 ans, elles étaient 41% à fumer chaque jour, contre seulement 27% en 1993 (Libération, 03-03-2000). Chaque jour, 450 ados britanniques débutent leur " carrière " d’intoxiqués. Les docteurs sont unanimes : fumer pendant l’adolescence augmente les risques de souffrir d’angoisse à l’âge adulte. Il y a urgence à renforcer le suivi en équipe, des jeunes les plus fragiles, à dégager des moyens pour mieux accueillir les enfants les plus pauvres, à renforcer le suivi psychologique, augmenter les aides sociales, à mieux dialoguer avec les familles et les jeunes. Renforcer la santé scolaire en formant des infirmières, les médecins et les assistances sociales, afin qu’ils puissent mieux intervenir et de façon coordonnée. Les responsables politiques et éducatifs ne peuvent rester indifférents aux errements des jeunes. Plus qu’hier, ils ont besoin de réponses de la part des adultes, claires à défaut d’être rassurantes.
-
Le tabagisme... un interdit et un fléau dévastateur
Cheikh Youssouf al-Qaradâwî
À la demande de l’un des frères, je me permets de développer ces quelques idées sur le tabagisme. Le tabagisme est l’un des fléaux les plus dévastateurs de notre siècle. Déjà par le passé les Arabes et les musulmans avaient été éprouvés par ce mal que les générations s’étaient transmis les unes aux autres. À l’instar des épidémies contagieuses qui frappent une population saine, le tabagisme se répand dans la société à une vitesse surprenante, tel un feu de paille : les petits imitent les grands, les enfants imitent les parents et les pauvres imitent les riches. La plupart des gens ont dû commencer à fumer par simple caprice et en sont réduits à la fin, à une passion imparable. L’homme est alors devenu dépendant et prisonnier de ce mal et de cette habitude desquels il ne peut se libérer.
Divergences des savants anciens à propos du tabagisme
Ce fléau est apparu il y a quatre siècles environ, en l’an 1000 de l’Hégire. Et déjà les avis des savants divergeaient à son sujet. Certains l’ont catégoriquement prohibé en raison de ses nocivités, d’autres l’ont tout juste réprouvé (makrouh). Un troisième groupe de savants l’a autorisé et légalisé, conformément à la règle juridique qui stipule que les choses de la vie sont licites à l’origine, tant qu’il n’existe pas de texte prohibitif en la matière. Et il n’y a pas eu de textes qui proscrivent le tabagisme.
Point de vue des contemporains
À notre époque, il convient de donner un avis catégorique qui interdit sans ambiguïté le tabagisme. Dans ce cas précis l’avis du savant ou du juriste doit être basé sur celui du médecin. Si celui-ci certifie que la consommation du tabac est nocive, et est dépourvu de toute utilité, le juriste devra alors confirmer cela et l’interdire. En effet, c’est ce que tous les savants et les juristes ont confirmé. Par conséquent, le tabagisme est un fléau qui est interdit en Islam et ce, pour les multiples raisons suivantes : Le tabagisme va à l’encontre des cinq " nécessités primaires " : il est nocif à la fois pour la personne humaine, pour sa raison, pour la religion, pour ses biens (argent), et pour l’espèce humaine. Les nécessités primaires correspondent aux cinq besoins fondamentaux qui doivent être garantis et préservés et sans lesquels la vie humaine ne saurait exister.
Le tabagisme est nocif pour la personne, la vie et la santé
Tous les médecins du monde et les organisations scientifiques internationales sont unanimes quant aux effets nocifs du tabac sur la santé humaine. Ils sont d’ailleurs à l’origine de l’obligation pour tous les fabricants de tabac d’apposer sur l’emballage des cigarettes la mention : "Le tabac nuit à la santé". Le tabac provoque en effet, une grande diversité de cancers tel le cancer du poumon, le cancer de la trachée artère, etc. Il provoque également plusieurs infections ou tumeurs au niveau des artères et du cœur. Certes sa nocivité n’est pas immédiate, mais il demeure tout de même dangereux pour la santé et la vie humaine. Le tabagisme peut être comparé à une usine de " suicides à retardement ", car il y a des poisons violents qui tuent sur le coup et d’autres des années plus tard. Le tabac correspond bien à cette dernière catégorie. Il renferme en effet, diverses substances toxiques qui, sur le long terme, anéantissent le corps humain. Parmi elles : le goudron, la nicotine, l’acétone, l’acide cyanhydrique, l’ammoniac, le méthanol, le toluène, le phénol, le polonium, le monoxyde de carbone, le cadmium, etc. Celui qui absorbe toutes ces substances, avale en réalité un poison lent à effet différé, et il se suicide ainsi à petites gouttes. Or Allah dit : " Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est miséricordieux envers vous." (Coran, 4/29. Les savants ont aussi interdit au musulman d’absorber toute matière qui lui est nocive à court ou à long terme, même si ce n’est qu’une simple argile, car Allah dit : " Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction." (Coran, 2/195). Le prophète Mohammad (sur lui la paix !) dit également : " Ne te cause pas de préjudice à toi-même et ne porte pas atteinte à autrui. " Or comment le musulman peut-il se permettre de porter atteinte à lui-même ?! La vision de l’Islam à ce niveau est très claire : l’homme n’a pas le monopole de disposer librement de lui-même, en ce sens qu’il ne peut attenter à sa personne ou s’exposer aux dangers comme il veut. L’homme ne s’est pas créé lui-même. C’est Dieu qui l’a créé : " Ô homme ! Qu’est-ce qui t’a trompé au sujet de ton Seigneur, le Noble, qui t’a créé, puis t’a modelé et constitué harmonieusement ? Il t’a façonné dans la forme qu’Il a voulue". (Coran, 82/6-8). Comment peux-tu donc te nuire à toi-même par ta propre volonté ?! Est-ce là l’acte d’un être sensé ?! Qu’en sera-t-il si le fumeur nuit à la fois à sa personne et aux autres ?! La science et la médecine ont démontré que celui qui fume nuit inévitablement aux autres, malgré eux. En effet, il se peut que je ne sois pas fumeur, mais en me trouvant à proximité de quelqu’un qui fume, je serai victime de ce que l’on appelle le tabagisme passif. C’est-à-dire que je le deviens malgré moi, dans la mesure où je respire l’air qui est pollué par les effets du tabac. Le fumeur incommode ainsi tout ce qui se trouve autour de lui : sa femme, ses enfants et même le milieu où il vit. Il porte donc atteinte à lui-même et aux autres. Par conséquent, nous affirmons, que les dégâts sur la vie et sur la santé causés par le tabac sont incontestables. Il est donc illicite à tout être doué de raison de s’adonner librement à ce poison destructeur et ravageur.
-
Le tabagisme est nocif à la raison
-
-
La consommation de tabac nuit à la raison car il renferme des substances ayant un effet enivrant et étourdissant que l’on ressent à la première cigarette. Il n’y a qu’à voir le comportement des fumeurs pour percevoir cette sensation d’exaltation qu’ils éprouvent en allumant leur première cigarette. En outre, il faut songer que ces fumeurs-là, dilapident aussi leur argent dans ce qui les détruit, alors que parallèlement leurs familles et leurs enfants ne trouvent peut-être pas de quoi se nourrir et endurent ainsi leurs souffrances dans l’indifférence totale. Je ne crois pas qu’un être doué d’une raison saine puisse se livrer à un tel comportement. Et l’on ne sait pas à l’heure actuelle, si la science et la médecine ont pu détecter et recenser tous les effets néfastes du tabagisme sur le cerveau humain.
-
-
Le tabagisme est nuisible à la religiosité
-
-
De même que le tabagisme est néfaste pour la santé et pour la raison, il l’est aussi pour la religiosité de l’individu. Je connais des gens qui ne jeûnent pas durant le mois de Ramadan pour la simple raison qu’ils ne peuvent pas se passer de la cigarette durant le jour. Ils répondent : " La cigarette, c’est ma vie ! " Beaucoup de gens jeûnent le jour, et dès l’appel du muezzin au coucher du soleil, ils rompent leur jeûne en fumant une cigarette. D’un côté, le tabagisme entraîne l’individu à sombrer dans les péchés de gaspillage et de dilapidation d’argent, et dans la nuisance à autrui. D’un autre côté, l’individu sous l’emprise de ce vice éprouve, à cause de sa torpeur, toutes les difficultés à s’acquitter de ses devoirs de combat dans la voie de Dieu pour défendre son pays, ses biens ou son honneur.
-
-
Le tabagisme nuit à la continuité de l’espèce
-
-
Le tabagisme a des incidences fâcheuses sur l’espèce humaine et sur la progéniture. Des études récentes ont démontré que les enfants qui grandissent dans un milieu fumeur, (que ce soit le père ou la mère qui fume), ont des artères plus affaiblies que les autres enfants issus d’un milieu non-fumeur. Et ils sont plus exposés que les autres à diverses maladies. Tant que les enfants vivent avec des parents fumeurs, ils évoluent inévitablement dans une atmosphère polluée et inhalent passivement la fumée du tabac. Le pire, c’est qu’ils essayeront plus tard de s’identifier à eux en fumant aussi. Beaucoup d’enfants commencent en fait à porter une cigarette à la bouche, afin d’imiter le père. La symbolique de la virilité et de l’âge adulte étant souvent liée à la cigarette dans l’imaginaire des gens et de beaucoup d’enfants. Les publicités pour le tabac y sont pour quelque chose.
-
-
Le tabagisme est une dilapidation des biens
-
-
Le tabagisme porte atteinte aux cinq nécessités primaires. Parmi ses préjudices, il y a l’aspect financier. Le fumeur dépense son argent dans ce qui ne lui est utile ni dans ce bas-monde, ni dans l’au-delà. Les savants s’accordent à interdire toute dépense qui n’est pas bénéfique pour ce bas-monde ou pour l’au-delà.
-
Le Prophète (sur lui la paix !) a mis en garde sa communauté contre le gaspillage d’argent et de biens. L’argent ou les biens dont nous appartiennent à Dieu, et nous n’en sommes que des dépositaires chargés de bien les gérer. Par conséquent, nous n’avons pas le droit de gaspiller notre argent dans des voies qui ne sont pas bénéfiques pour nous, pour notre âme, notre corps, notre raison, pour notre famille ou notre communauté. Le fumeur achète sa perte avec son propre argent. Il se nuit à lui-même en payant à prix fort sa propre destruction. Ce n’est là, le fait ni d’un être doué de raison, ni de quelqu’un qui est attaché à sa religion. Et à qui achetez-vous vos cigarettes ? Vous les achetez aux grandes multinationales qui commercialisent le tabac, tel Marlboro et autres sociétés qui ne ont que des multinationales à la solde de l’hégémonisme colonial et qui dépensent des milliards et des milliards pour promouvoir leurs marchandises néfastes et les imposer aux pays musulmans comme le Pakistan ou l’Egypte. Et malheureusement, ce sont bien nos populations musulmanes qui tiennent, en dépit de leur pauvreté, une place de choix dans le palmarès des grands fumeurs. Ce qui est sidérant, c’est de voir un chef de famille dépendant de la cigarette et dépensant tout ce qu’il possède pour en acheter, alors que ses enfants manquent de nourriture, de viande, de vêtements ou d’affaires scolaires qui leur permettraient de vivre décemment. Telle est la situation déplorable dans laquelle se démène aujourd’hui toute la communauté musulmane. Nous sommes en train de contribuer à gonfler les chiffres d’affaires de ces multinationales au détriment de nos faibles et de nos enfants qui souffrent du manque et de la misère. Voilà les préjudices financiers à petite échelle du tabagisme.
-
-
Le tabagisme ne fait pas partie des " bonnes choses "
-
-
" Ô fils d’Adam ! Revêtez votre parure en toute oraison, mangez, buvez, mais sans excès : Dieu n’aime pas ceux qui commettent des excès " (Coran, 7/31). L’Islam réprouve l’excès dans les bonnes choses, fussent-elles licites. Qu’en sera-t-il alors du tabac qui ne saurait être considéré comme une chose bonne ? Le Prophète (sur lui la paix !) a été décrit dans les Livres anciens comme étant celui qui " rend licite aux gens les bonnes choses et leur prohibe les mauvaises ". Dans quelle catégorie allons-nous classer le tabac ? Dans celle des bonnes ou des mauvaises choses. Le bon sens imposerait sans doute sa classification parmi les mauvaises choses et les turpitudes, car il n’est d’aucune utilité et ne renferme aucun bienfait. Sans l’accoutumance des gens au tabac, aucun être n’aurait osé toucher à une cigarette. Il l’aurait sans doute détestée et rejetée pour la nocivité qu’elle renferme. Malheureusement, quand l’accoutumance, voire la dépendance, prend le dessus, l’homme avale n’importe quoi, fût-ce de l’argile, et il la savoure comme un délice. Et voilà justement un autre problème.
-
-
L’assujettissement de la volonté humaine
-
-
Parmi les dangers du tabac, il y a également celui de l’assujettissement de la volonté de l’homme. Le fumeur est souvent réduit à une servitude extrême au tabac due à cette accoutumance. Rares sont ceux qui parviennent à s’affranchir de cette mauvaise habitude, s’ils ne s’arment pas de beaucoup de volonté et d’une grande détermination. Généralement, c’est le verdict médical venant claironner le risque mortel imminent, qui amène beaucoup de fumeurs invétérés à mettre un terme à la cigarette, dans l’espoir de pouvoir profiter encore davantage de leur vie. Il faut souligner à ce propos, que la soumission de la volonté humaine à n’importe quoi ou à n’importe qui en dehors d’Allah est en soi une maladie grave. Comment l’homme peut-il être otage de quelque chose qui n’est ni indispensable, ni nécessaire, ni accessoire ?! Comment peut-il être l’esclave de ce qui ne lui est d’aucun intérêt et dont il peut se passer totalement ?! Le pire, c’est qu’il s’agit d’un produit nocif et prohibé. De plus, son odeur est terriblement incommodante.
-
Je suis de ceux qui ne supportent point l’odeur de la cigarette. Si j’ai à subir un fumeur dans mon voisinage, je risque de m’étouffer ! Je lui demanderais volontiers de me ménager : " S’il vous plaît, ayez pitié de moi ! ". Les gens civilisés ont bien compris cela, et ont prévu des espaces pour fumeurs dans les transports (avions, trains, bus) et des espaces pour les non-fumeurs, afin qu’ils ne soient pas incommodés par l’odeur de tabac, ni atteints par la nocivité de la fumée. Dans nos pays, nous assistons à la même répartition des espaces mais malheureusement, ils ne sont pas toujours respectés. Combien de fois dans des avions de lignes nationales, je me suis retrouvé dans des espaces réservés normalement aux non-fumeurs, à côté de gens allumant leurs cigarettes sans aucun respect des autres. Certaines personnes prétendent que le tabagisme est juste réprouvé (makrouh) et non interdit (harâm) par la religion. Pour que l’interdiction soit effective, elle requiert un texte à signification définitive et catégorique. Or, ils prétendent qu’il n’existe pas de texte de ce type à ce sujet. Je dirais au contraire à ceux-là que les textes qui y sont relatifs abondent : ce sont les textes qui interdisent tout ce qui est nocif pour l’homme et pour les autres, et ceux qui prohibent tout gaspillage dans les biens et toute dilapidation d’argent dans ce qui est inutile. Ce sont enfin les textes qui interdisent toutes les mauvaises choses, à manger, à boire ou autres. Même si l’on concède à ce type de gens que la consommation de tabac est juste réprouvée, il faut savoir qu’il s’agit incontestablement d’une réprobation prohibitive.
-
J’ai interrogé un jour un de ces fumeurs : " Combien de fois par jour commettez-vous cet acte réprouvé ? " Il me répondit : " Quarante fois ou plus ! " Je lui ai dit alors : " Additionnez ces quarante actes réprouvés, et vous vous retrouverez sans doute avec un interdit indiscutable ! " Rappelons à ce propos, que dans la taxinomie des actes de l’individu, le " réprouvé " est le degré qui précède " l’interdit ". Par conséquent l’abus dans les actes réprouvés (makrouh) amène inévitablement son auteur à tomber dans les interdits (harâm).
-
Le Prophète (sur lui la paix !) dit : " Méfiez-vous des péchés insignifiants. Les péchés insignifiants sont comparables à de petites brindilles que les gens ont rassemblées, et avec lesquelles ils ont allumé un grand bûcher où ils ont pu cuire leur pain. Quand les péchés insignifiants s’emparent de quelqu’un ils l’anéantissent ! "
-
La même image peut s’appliquer à l’accumulation des actes réprouvés, qui conduit la perte.
-
-
Les cadeaux pour fumeurs sont illicites
-
-
Aujourd’hui, on assiste malheureusement à diverses manœuvres promotionnelles de la part des commerçants et des grandes firmes de fabrication et de vente de tabac : des plateaux, des briquets, des cendriers et divers objets de décors estampillés à telle ou telle marque de cigarette. Il est interdit aux musulmans de détenir ou d’accepter ce genre d’objets chez lui, car même s’il ne fume pas, il contribue par ce geste à promouvoir ces produits. De même, un musulman ne doit pas prévoir de cendriers chez lui pour d’éventuels visiteurs fumeurs. Celui qui lui rend visite doit respecter le foyer et ses occupants et ne doit pas fumer. Nous ne devons pas encourager les gens à fumer en leur préparant des cendriers dans nos foyers ou nos réunions. S’ils tiennent à fumer, qu’ils assument eux-mêmes leur acte et ses conséquences. Nous n’avons pas à les supporter avec eux.
-
-
Chères sœurs, chers frères,
-
-
Le tabagisme est à la fois un fléau et un malheur que subissent les gens de nos jours. Il n’est pas licite pour nous musulmans de participer avec les autres à la propagation de cette calamité et de ses méfaits. Nous devons nous y opposer fermement pour le bien de notre santé, de notre raison et de notre religiosité, pour le bien de nos enfants, de nos voisins, de notre argent et de notre société. Au bout du compte, les retombées inévitables de ce fléau ne peuvent être qu’un affaiblissement général de notre communauté et un malaise global dans les différents secteurs de la vie.
-
-
Une halte avec soi-même
-
-
Nous avons besoin d’une halte avec nous-mêmes. J’appelle tous les frères et les enfants qui sont éprouvés par ce mal, à observer une halte de fermeté et de détermination avec eux-mêmes. Tout ce dont ils ont besoin, c’est d’une volonté énergique. N’est-ce pas la volonté qui a permis au musulman de jeûner et de renoncer à ce poison plus de quinze heures par jour, sans qu’il ne lui arrive quoi que ce soit de mal. Nous avons besoin d’une volonté ferme et résolue, qui permettra au fumeur de renoncer une fois pour toutes à cette maladie qu’est la cigarette. Il va sans doute éprouver au début des vertiges et des sensations de nausées, mais c’est le prix à payer. Il n’en sortira que victorieux par la suite, car il aura réussi à s’affranchir du joug d’un poison mortel et sera épargné, ainsi que ses enfants et la société qu’il côtoie, de plusieurs maladies dangereuses. Certains préconisent le renoncement au tabac par étapes. Ainsi, au lieu de fumer les trente cigarettes habituelles, on ne fumera que vingt cigarettes par jour, ensuite dix, ensuite cinq et ainsi de suite jusqu’à l’interruption totale. D’autres affirment qu’il faut d’emblée avoir une volonté ferme et prendre une décision catégorique de ne plus toucher à la cigarette. Il me semble que cette deuxième option est la plus juste et la plus appropriée à ce type de problème. " Puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime en vérité ceux qui lui font confiance. " (Coran, 3/159). J’appelle mes frères musulmans et j’appelle mes enfants musulmans, à se doter de cette volonté de croyant et d’une résolution sincère et à se confier à Allah en mettant en avant leur intention de renoncer à cette mauvaise habitude. Qu’ils supportent et qu’ils endurent quelques jours ou quelques semaines les affres de cette abstinence et les choses redeviendront normales très rapidement ! Quant aux femmes qui fument, je souligne qu’il s’agit là, d’une habitude étrangère à notre société. Jamais les pays arabes et musulmans n’ont connu par le passé, de femmes qui fument et qui affichent leurs dents jaunies et leur mauvaise haleine. Le Prophète (sur lui la paix !) dit : " Que celui qui mange de l’oignon ou de l’ail s’éloigne de nous ou qu’il s’éloigne de notre mosquée et qu’il reste chez lui ". Il lui est arrivé de faire sortir de la mosquée des gens qui dégageaient une mauvaise haleine après avoir mangé de l’ail ou du poireau. Pourtant, l’ail fait partie des aliments utiles qui ont plusieurs vertus nutritionnelles et thérapeutiques, mais son odeur reste mauvaise. L’homme ne doit pas incommoder les autres et a fortiori, il ne doit pas incommoder sa femme avec sa mauvaise haleine. Qu’en sera-t-il alors de la femme qui incommode son mari et ses enfants ?!! Pour toutes ces raisons-là, il devient urgent pour chacun de nous, de faire une halte avec soi-même pour méditer tout cela, pour se reprendre et repartir avec la ferme détermination de se maîtriser et de renoncer définitivement à ce fléau qu’est le tabagisme : " Et repentez-vous tous devant Allah, ô croyants !, afin que vous récoltiez le succès. " (Coran, 24/31).
Le travail de la femme hors de chez elle
-
Dr. Nawal Mohammad Omar
-
Professeur d’Université
-
Spécialiste du droit musulman
-
Les discours sur le travail de la femme se multiplient de nos jours et se diversifient au point que les gens en font une préoccupation centrale. Partagés entre partisans et opposants au travail de la femme, les écrits sur cette question ne semblent laisser personne indifférent. Parmi les opposants au travail de la femme, certains tentent d’étayer leur thèse à l’aide d’arguments issus du Coran. Ils n’hésitent pas à mettre en avant des explications peu fiables de versets coraniques, ou des interprétations qui sont en accord avec leurs tendances idéologiques personnelles.
-
-
-
Personnellement, le sujet de l’Islam et du travail de la femme hors de chez elle, me semble renfermer à la fois des aspects positifs et des aspects négatifs au sens conceptuel du terme.
-
Parce qu’il est une valeur religieuse censée se concrétiser au sein d’une organisation morale, sociale et transactionnelle, l’Islam a fixé des principes d’action et de comportement pour toute l’humanité et non pas seulement pour la femme. Il s’adresse ainsi à l’ensemble des membres de la société, sans distinction de rang social, de couleur ou de sexe.
-
Le travail de la femme d’une manière générale, ou son travail pour gagner sa vie de manière particulière, était chose courante avant et après l’avènement de l’Islam. Il suffit de se référer à la civilisation islamique pour voir la fonction sociale de la femme dans différents secteurs de la vie : médecine, commerce, éducation… L’histoire des conquêtes musulmanes est la meilleure preuve de l’implication de la femme dans le travail en tant que valeur sociale qui vient illustrer et parfaire le principe d’entraide sociale et de solidarité familiale. Même le Coran et les hadîths prophétiques foisonnent d’indices et de preuves sur le travail. On sait d’ailleurs que Khadîja, l’épouse du Prophète (sur lui la paix !), travaillait dans le commerce et l’employait pour gérer ses affaires avant leur mariage.
-
-
-
L’Islam a décrété en faveur de la femme un droit à l’héritage de la même façon qu’il l’avait légiféré au profit de l’homme. L’héritage comprend tout ce que lèguent les parents et les proches que ce soit une terre cultivable ou des biens commerciaux ou industriels. Allah dit : " Aux hommes revient une part de ce qu’ont laissé père et mère, ainsi que les proches ; et aux femmes une part de ce qu’ont laissé les père et mère, ainsi que les proches, que ce soit peu ou beaucoup : une part fixée. " (Coran, 4/7).
-
La légalisation du droit de la femme à l’héritage est une confirmation de son droit d’exercer des activités économiques à certains niveaux, que ce soit de manière directe ou indirecte. L’Islam autorise les femmes à participer aux activités culturelles et médiatiques à condition qu’elles observent les prescriptions de Dieu, au même titre que les hommes. Allah dit d’ailleurs : " Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable, accomplissent la salât, acquittent la zakât, et obéissent à Allah et à son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage. " (Coran, 9/71).
-
L’histoire sociale du monde arabe est riche de figures emblématiques de femmes au travail qui ont consacré l’apport civilisationnel de cette nation. La valeur du travail de la femme puise ses sources dans la valeur du travail humain en général. La théorie du gain pour la survie dans la jurisprudence islamique réserve une importance particulière au travail et témoigne d’un respect sans précédent de la femme, contrairement à ce qui était en vigueur dans les sociétés non islamiques. En effet, dans la société grecque antique, la femme était considérée comme une esclave et comme un butin de guerre. Or l’Islam est venu pour l’émanciper et reconnaître son droit au travail, au choix dans le mariage, à préserver sa filiation et ses racines… autant de privilèges qui lui étaient refusés dans les sociétés païennes, juives et chrétiennes avant l’Islam.
-
-
-
Si l’on s’intéresse de près à la nature de la société islamique, on ne s’étonne pas que les sociétés islamiques anciennes et contemporaines acceptent le rôle de la femme et sa contribution dans le processus de solidarité sociale. Cependant avec la décadence culturelle et civilisationnelle qui a paralysé les énergies de la nation islamique durant des siècles, le rôle de la femme et sa participation aux côtés de l’homme dans le travail ont été réduits à une peau de chagrin. Le coup fatal fut alors porté au travail de la femme par les interprétations superficielles de la religion, très prolifiques à l’époque. Et on ne tarda pas à mettre un terme à la participation de la femme au travail et à la production dans la société. Pourtant, un certain nombre d’interprétations jurisprudentielles fiables ne nient pas l’apport de la femme dans le processus d’entraide sociale, même si elles régulent son rôle dans la société selon des normes bien précises. Hélas, l’amalgame qui fut fait entre les valeurs religieuses et les concepts sociaux a fini par reléguer le travail de la femme aux oubliettes.
-
Aussi est-on en droit de s’interroger aujourd’hui : le Coran a-t-il abordé ce sujet ? L’avait-il vraiment interdit ? En réalité le Coran n’a pas évoqué le travail de la femme, ni par un refus ni par une approbation. En fait, le Coran a été révélé à une époque où l’activité économique était très limitée et ne nécessitait qu’une participation très limitée de la femme. La plus importante activité économique de l’époque se résumait aux deux voyages : un voyage en hiver vers le Yémen, et un voyage en été vers la Syrie. Ces deux voyages comportaient tant de peines et de difficultés que le besoin de la contribution féminine ne s’était pas imposé alors.
-
-
-
Malgré tout cela, la femme travaillait-elle dans la presqu’île arabique au moment de la révélation du Coran ? L’activité économique principale en Arabie à l’époque, était l’élevage de bétails. La femme participait alors activement à faire paître les bêtes, tandis que l’homme s’occupait essentiellement avec ses pairs à la défense de sa tribu ou à l’attaque de tribus ennemies. Tout le travail dans les pâturages était dévolu à la femme. En outre, elle était aussi sollicitée durant les guerres pour soigner les blessés et assurer l’intendance. L’histoire a immortalisé des femmes telles que la célèbre " Nousayba " qui approvisionnait les guerriers en eau ou " Dhât al-Himma " qui a participé au combat proprement dit ; c’est dire la capacité de la femme à travailler dans l’un des domaines les plus durs qu’est la guerre.
-
À partir de là, on comprend bien que l’Islam accorde une importance particulière à la nécessité de gagner sa vie et à subvenir à ses besoins. Que ce soit pour les individus et pour le groupe au sein duquel le travail de la femme n’est qu’un moyen pour que la vie continue. Allah dit dans le Coran : " Puis quand la salât est achevée, dispersez-vous sur terre et recherchez [quelque effet] de la grâce d’Allah. " (Coran, 62/10). Le Prophète (sur lui la paix !) dit : " Il y a certains péchés qui ne peuvent être expiés qu’avec l’effort déployé pour gagner sa vie. " Il dit également : " La meilleure nourriture qu’un homme puisse manger est celle qu’il a acquise grâce au labeur de ses mains et le prophète Dâoud (sur lui la paix!) mangeait du produit du labeur de ses mains. "
-
On rapporte que le Prophète (sur lui la paix !) entra un jour dans la mosquée et y trouva un homme en train de prier de longs moments. Il s’en informa et on lui dit : " c’est un dévot. " Il dit : " et qui pourvoit à ses besoins ? " On lui répondit : " c’est son frère, il travaille et il subvient à ses besoins. " Le Prophète dit alors : " son frère est plus croyant que lui. "
-
Le Prophète (sur lui la paix !) disait également : " Il est préférable que l’un de vous prenne sa corde et se dirige vers la montagne pour en rapporter un fagot de bois sur son dos pour le revendre, afin que Dieu lui épargne l’humiliation de la mendicité, plutôt que de tendre la main aux gens et que certains lui donnent une aumône alors que d’autres la lui refusent. " C’est pour cela d’ailleurs que l’Islam a interdit la mendicité à ceux qui ont la capacité de travailler. Il réprouve en fait que l’individu vive en tant que parasite et fardeau sur le dos d’autrui. Le Prophète (sur lui la paix !) dit à cet effet : " L’un de vous ne cesse de mendier jusqu’à ce qu’il rencontre Dieu le Très Haut le jour du Jugement dernier avec un visage dépourvu de toute chair. "
-
Si l’Islam a accordé à la femme les mêmes droits qu’à l’homme et s’il lui a prescrit les mêmes obligations (prière, jeûne, zakât, pèlerinage) ; si elle est tenue de participer avec l’homme aux combats pour l’Islam, comme elle s’est illustrée au temps du Prophète en soignant les blessés et en prenant les armes quand il le fallait, c’est que l’Islam lui a accordé de la même façon, le droit de sortir pour son travail, son entreprise ou son commerce dans la limite des normes islamiques, tout en coopérant avec son mari dans l’entretien du foyer et l’éducation des enfants.
-
-
-
Certains peuvent s’interroger sur le sens du verset coranique : " et restez dans vos foyers. " (Coran, 33/34). Est-ce là une injonction à la femme de demeurer dans sa maison et de ne pas en sortir ?… En fait, ce verset était adressé initialement aux femmes du Prophète (sur lui la paix !) : " Ô femmes du Prophète ! Vous n’êtes comparables à aucune autre femme. " Elles avaient une qualité spécifique, en vertu de laquelle elles recevaient des instructions en rapport avec le statut et le rang du Prophète. Certes, si cet appel était destiné aux épouses du prophète (sur lui la paix !) avec toute la vertu, la piété et la rectitude qu’on leur connaissait, les autres femmes sont tenues a fortiori d’observer la même chose. Mais il ne faudrait pas comprendre : " et restez dans vos foyers " comme " demeurez cloîtrées dans vos maisons et n’en sortez pas "… Ce serait alors une compréhension erronée du verset. Mais, cela signifie que la femme ne doit pas passer le plus clair de son temps hors de chez elle sans raison valable, au risque de semer la tentation dans les rues. En d’autres termes, cela signifie que la femme passe une grande partie de son temps chez elle pour apporter les soins et l’éducation nécessaires à ses enfants pendant son temps libre.
-
D’autre part, l’Islam n’a jamais fermé la porte à la femme pour apprendre les sciences, mais il a toujours tenu à faire bénéficier la société de ses contributions. C’est ainsi que par le passé, beaucoup de femmes apprenaient les sciences religieuses au même titre que les hommes et avaient leurs propres opinions et leurs propres interprétations au sujet des problématiques juridiques ou politiques. C’est l’épouse du Prophète, Aïcha (qu’Allah soit satisfait d’elle) qui a incarné ce modèle de la femme savante : elle a mémorisé et rapporté beaucoup de hadîth et de règles juridiques. Elle défendait devant les hommes ses avis et ses positions en matière de jurisprudence ou de politique.
-
On connaît par exemple sa fameuse opposition à ceux qui affirmaient que le Prophète (sur lui la paix !) avait vu Dieu au moment de son Ascension. Elle disait : " Celui qui prétend que Mohammad a vu son Seigneur a menti. " Elle était très active et présente dans les grands évènements qui touchaient à la vie de cité à son époque.
-
La femme peut travailler dans des domaines aussi divers que ceux de l’homme. Sa sortie hors du foyer, est donc possible dans la mesure où la société a besoin de ses efforts et de ses services, notamment si elle a une spécialisation utile, ou si elle n’a personne qui puisse subvenir à ses besoins. Il s’agit là d’une règle attestée par l’Islam. La preuve en est l’histoire de Asmâ’, la fille de Abou Bakr, qui était la femme de Zobayr ibn al-‘Awwâm. Un jour le Prophète (sur lui la paix !) la trouva en train de porter sur sa tête un sac contenant la nourriture du cheval. Elle était tellement épuisée de son travail que le Prophète lui proposa d’enfourcher sa monture derrière lui. Il l’approuva dans ce qu’elle faisait. Asmâ’ lui dit alors : " Mon père m’a épargné ce travail en me dépêchant une domestique, et je ne m’occupe que des tâches ménagères. Mais la servante était au même moment en train de travailler ailleurs. "
-
La vie conjugale est une coopération entre l’homme et la femme. L’Islam veut que la femme soit d’abord une épouse agréable et une mère affectueuse. Son travail hors du foyer ne doit en aucun cas la détourner de son mari et de ses obligations envers lui, ni l’amener à négliger ses enfants. Il appartient à la société de lui fournir les moyens d’accomplir ces tâches tout en restant fidèle à son travail et à sa famille, dans un cadre de pudeur et de décence loin de toute tentation.
-
-
-
Il faut se rendre à l’évidence : la société a besoin de la femme musulmane dans différents secteurs de la vie ; en médecine, dans l’enseignement, dans la communication, etc. Et comment en arriver là, si la femme ne sort pas pour apprendre et exercer ses compétences dans les différents secteurs économiques de développement de la société, alors qu’elle en représente la moitié. Pour cela la femme doit sortir pour se former et s’instruire, et cela ne s’oppose en aucun cas aux principes de l’Islam. Comment concevoir une société qui prive la moitié de ses membres de participer du travail ? Comment concevoir la situation d’une veuve dont le mari était le seul pourvoyeur et qui n’a aucune autre personne pour vivre ? Pour survivre, il ne lui resterait que la mendicité ou la déviance. Or, ce sont deux choses interdites et incompatibles avec les règles de la société islamique. Par ailleurs, il faut souligner qu’aujourd’hui le bon sens et la logique imposent que la femme sorte pour travailler, car le travail, est désormais, dans notre monde actuel, une obligation sociale qui ne s’oppose pas aux principes de l’Islam. Et je me demande enfin : La femme musulmane, n’a-t-elle pas joué son rôle dans la diffusion du Message de l’Islam depuis le début, et n’a-t-elle pas apporté sa contribution à la société ?
-
La réponse à ces interrogations confirmera sans doute le rôle important de la femme dans la société, et prouvera une fois encore, qu’il ne s’agit ni d’une innovation ni d’un égarement. Mais c’est le produit d’une lecture saine et correcte de la législation et de ses réalisations pratiques sur le champ social du travail, en tant que mode d’entraide et de solidarité entre tous les musulmans de la société, sans exclusion aucune. |
-
| |